Tourisme régénératif et résilience des territoires
Notre planète change… vite, trop vite ! et il y a urgence à changer nos façons de faire si nous voulons continuer à habiter dans un monde vivable, et pas seulement visitable.
Vouloir préserver l’environnement tout en accueillant toujours plus de touristes est un non sens : le secret des destinations florissantes résidera dans leur capacité à maitriser les flux et à ne pas dépendre uniquement de cette manne pour maitriser leur destinée.
Pour les visiteurs, habitants, institutions, socio professionnels…- chacun d’entre nous- , la question n’est plus « en quoi puis je contribuer à moins abimer l’environnement local ? », mais « comment puis je être acteur de sa régénération ? « , comment transiter de « less bad « – ce que promet le développement durable- à « more good » pour changer de modèle et guider la transition vers davantage de résilience.
Chacun à son niveau doit prendre sa part de responsabilité pour agir dans un sens qui permettra de tenir les engagements de changement … et pas seulement de durabilité mais d’impact positif et de régénération, c’est à dire de réparation du vivant, hommes et Nature.
Partir du cadre général
Par exemple, dans le schéma touristique de la Bretagne 2020/2024, l’ engagement #13 s’inscrit dans une stratégie de transformation et donne des indications sur la nature des projets que les destinations peuvent conduire : « Susciter des modèles qui incitent le visiteur à agir consciemment ou inconsciemment en faveur des transitions » Le cadre étant posé (top down), les acteurs sur le terrain peuvent s’en emparer et co construire les meilleures solutions en lien avec les spécificités locales (bottom up). https://www.ille-et-vilaine.fr/sites/default/files/annexes/P0WPZ.pdf
Une fois le cadre stratégique posé, la question qui vient après est ‘comment fait-on pour mettre en place une démarche d’impact positif et de régénération à l’échelle d’un territoire ? ‘ Les expérimentations en cours en Tasmanie, en Ecosse, aux iles Féroe… peuvent nous inspirer ainsi que celles que nous avons conduites dans des territoires avec des méthodologies design, pour un meilleur engagement visiteurs et collaborateurs
Poser la problématique
Il y a plusieurs façons d’aborder la question du « commet on fait ? » : par les outils et méthodes ou par la problématique. Nous préférons la problématique, plus concrète et plus facile à saisir pour des acteurs qui ne maitrisent pas toujours le design thinking mais qui apprécient de travailler de manière cross fonctionnelle, créative et collaborative.
Voici quelques exemples de problématiques :
Comment le tourisme peut-il relever les défis sociaux et environnementaux de notre territoire ?
Comment le tourisme peut-il aider la Nature à retrouver sa vigueur sur notre territoire ?
Comment pouvons-nous faciliter le changement de mentalité au sein de nos communautés ?
Comment pouvons-nous dépasser les clivages en matière de connaissances pour favoriser des conversations constructives ?
Comment créer les conditions d’une connexion véritable avec la nature, qui transforme l’attitude des visiteurs à son égard ?
Il faut cependant garder en tête que le vrai problème n’est probablement pas celui qui a été énoncé en premier et qu’il se cache derrière d’autres problèmes que la phase d’exploration permet de démêler, une interview, un atelier après l’autre.
Raconter la belle histoire
Ensuite, le narratif de la destination doit moins tourner autour des cibles, des différences avec les autres destinations, du positionnement marketing qu’autour des valeurs partagées, des réseaux locaux de valeur, de l’esprit du lieu, de la création de richesse humaine…Déconstruire, désapprendre, renoncer… l’état d’esprit est important, la culture du changement aussi. Il est plus que temps d’abandonner cette vision industrielle du tourisme faite de statistiques, de taux de croissance, de durée moyenne de séjour où la Nature est une ressource publique, un asset à la disposition du visiteur et exploité par les professionnels de la destination pour générer satisfaction et préférence.
J’ai moi même longtemps défendu l’approche design dans le tourisme pour créer de la valeur économique via la satisfaction du visiteur, mais je reconnais que la nouvelle économie du tourisme en intégrant davantage le vivant –homme et Nature-, devra produire d’autres formes de valeur -par exemple, écologique, biologique, climatique, psychologique, sociale, culturelle, etc. – Ce changement de paradigme est la condition pour adresser les nouveaux besoins des visiteurs en terme de responsabilité environnementale, de justice sociale, d’éthique et de sens .
Certes tous les territoires ne sont pas éligibles à la démarche car tous n’ont pas de problématique liée à la dépendance au tourisme et à la dégradation des environnements. Mais pour ceux qui rencontrent ces situations, choisir le tourisme régénératif par l’approche design est la meilleure façon d’obtenir des consensus rapidement et de manière collaborative.
Pour en savoir plus sur les projets de tourisme régénératif
https://www.islands2030.org/community-of-practice
https://www.icelandtourism.is/en/nordic-regenerative-tourism/